LES COCCINELLES…
Le Grand Architecte avait créé la ferme des pucerons régie par les fourmis.
Il se frottait les mains, assez content de lui et c’était bien amusant à voir ces fourmis qui menaient leurs troupeaux sur les tiges des rosiers ! Quand le soleil venait de biais sur les bestiaux, ils devenaient translucides comme de minuscules éclats d’émeraude …
-« Bien joli tout cela » se disait-il satisfait.
Jusqu’au jour où les rosiers sont venus protester.
Ils arrivèrent par bouquets au banquet royal.
Quand ils prirent la parole ce fut d’un ton courroucé qu’ils s’expliquèrent :
« Ce n’est plus possible ! Ces fermes deviennent gigantesques, les fourmis ne font plus que de l’élevage intensif, des sélections abusives afin d’avoir des éléments qui mangent en plus grande quantité et le plus vite possible pour leur faire produire plus de miel encore, ils en sont tant déformés que c’en est inanimal ! (Ben oui, pas inhumain !) et nous n’en pouvons plus ! Nous ne pouvons pas leur fournir assez de sève, ils nous sucent jusqu’à la moelle et nous allons bientôt disparaître de votre royaume ! »
Là, le Gand Maître tiqua. Il aimait beaucoup les roses et leur parfum. Une terre sans roses, une grande partie de sa création perdrait de son charme !
Il promit de réfléchir.
Après la réunion de tous ses conseillers qui ne fichaient jamais rien mais le flattaient, et une nuit de pleine lune sans sommeil, il décida de se rendre à son laboratoire et il créa un ennemi des pucerons !
La coccinelle.
Mais pressé par le temps et la colère des roses, inquiet de ce qu’il ne calme la population à temps, il pensa inutile de les peindre.
Elles étaient d’ailleurs fort jolies ainsi, rondes et blanches comme des pilules !
Les premières furent acheminées en observation et tout se passa si bien, leur reproduction dans les orties était si active, que l’équilibre revint dans les rosiers ravis.
Jusqu’au deuxième banquet ou cette fois ce sont les coccinelles qui vinrent se plaindre !
« Cela ne va pas DU TOUT !!!
Sans vouloir vous vexer votre Ultime Majesté, vous avez bâclé le travail ! Avez-vous réfléchit seulement une seconde ce qui allait arriver de nous ainsi virginales comme des anges ?
-A vrai dire je dois avouer à ma confusion que…pas du tout, s’embrouilla le Grand Architecte.
- Fermez les yeux une seconde et imaginez, une coccinelle ronde, blanche et lisse comme une pilule… Maintenant imaginez que vous soyez un oiseau… Vous y êtes ?...
- Ma foi oui ! Oh je suis franchement désolé ! Je finis par m’y perdre dans tout cela ! Mais oui bien sûr ! Les oiseaux vous voient trop bien et vous boulottent !!!!
Je vais arranger ça ! »
Après la réunion de tous ses conseillers qui ne fichaient jamais rien mais le flattaient, et une nuit de pleine lune sans sommeil, il décida de se rendre à son laboratoire et il créa une substance amère qu’il mêla à une laque rouge..
Il réunit toutes les coccinelles et les peignit (non, pas avec un peigne, elles sont glabres et c’eut été il les peigna ! Nah) « Peignit- peigna, la voilà la jolie peigne aux bois » excusez-moi, je n’ai pu résister à chanter…Que vous disais-je, j’ai perdu le poil, non le fil…
Il a donc peint toutes les coccinelles en rouge vif –amer.
Ainsi, que les oiseaux le sachent et se tiennent à l’écart : « c’est pô bon ! »
Qu’elles étaient jolies ces petites bêtes à bon-dieu ! Pas méchantes ! Elles mordaient bien un peu, bien sûr mais ça ne vous arrache tout de même pas une main !
Elles dormaient rassemblées aux creux des feuillages des rosiers ou des orties, toutes assemblées comme une grappe de petits fruits, ou bien au secret d’une boîte à bijoux… Elles étaient toute engourdies du froid de la fin d’automne.
C’est alors que des maraudeurs qui passaient sur le chemin, des va nues pattes pas méchants mais grands joueurs ont vu ces petites perles si jolies.
Vite les foreurs en ont ramassé dans des petits paniers d’osier, cela peut peut-être se vendre ? S’utiliser ?
« Des perles vous dis-je ! déclara le chef de la tribu des perce-oreilles! Il n’y a qu’à en faire des colliers, allez les femelles au travail… (Ben dame !)
-Mais nous ne savons que faire ? Jamais nous n’avons travaillé ce genre de matériau !
-Attendez, je vais vous montrer ! »
Il prit son crayon et fit, ici et là, aussi symétrique que possible, des points noirs :
« - Voilà, vous n’aurez qu’à piquer ici et ressortir par là et ce sera très joli ! »
Les foreuses ramassèrent leurs jupes sous leurs fesses et s’assirent sur le sol pour se mettre au travail autour du feu.
Mais la chaleur de leurs mains et du foyer a réveillé les coccinelles de leur hibernation, qui se sont mises à s’agiter et à crier !
Bon, vous n’avez jamais entendu hurler une coccinelle ? D’une part parce que vos oreilles sont mal adaptées à cela, mais aussi , du moins je l’espère, parce que vous n’avez jamais tenté d’enfiler une coccinelle !!!
Les forficules ne sont pas méchants du tout ! Aussitôt les enfileuses ont laissé tomber les coccinelles qu’elles tenaient, ont ramassé leurs jupes et leurs fesses et se sont enfuies !
Les mâles entendant le chahut sont accourus, « Que se passe t-il ici, que diable vous met dans un tel émoi !» (Oui ça parle comme ça un forficule !)
La plus courageuse revenant un peu sur ses pas-pas-pas (ben oui, 3 paires de pattes !) expliqua leur frayeur et leur embarras.
Les foreurs reconnurent facilement qu’il n’était pas question d’enfiler ces petites choses vivantes…
« Mais on les a trouvées, elles sont à nous. Qu’allons-nous en faire ? »
-« Je sais dit, un petit jeune très rigolo prêt à s’amuser ! On va en faire un jeu ! Celles-ci ont deux points. On va en marquer à trois, quatre et plus de points et on pourra inventer un jeu avec ! »
Tous furent enchantés de la trouvaille !
Alors mes amis, si une nuit de pleine lune vous voyez des perce-oreilles près de coccinelles, ne vous étonnez pas ! Du coup vous savez pourquoi elles ont des points de différents nombres ! Et laissez-les jouer tranquillement, ils ne font pas de mal !
La règle du jeu ?
Désolée, je ne suis pas forficule et ils l’ont gardée secrète. Mais si vous voulez j’ai dédé, non pardon , j’ai des dés, des cartes, je veux bien vous les prêter et là j’ai plein de règlements pour savoir comment les utiliser.
Hélène PORCHER