REVERIE
Et vogue …. Mon corps …. Vogue
Tout au long du sablier du temps.
Et vogue …. Mon âme …. Vogue
Comme le sable dans la main.
Le sable mouvant du temps
Estompe peines et chagrins
Dans une infinie rêverie
Dans ce jour d’hiver qui s’enfuit ….
Simone Gailleux
RÉFLÉCHIR OU DÉTRUIRE
Comment tout cela va finir
Qui le sait et pourrait le dire
Nous finirons bien par mourir
Mais s'entre-tuer c'est bien pire !
Qui saurait prévoir l'avenir
Et qui pourrait vraiment nous dire
Sans noircir et sans obscurcir
S'il faut pleurer ou s'il faut rire
Et n'aurons nous plus qu'à gémir
D'une humanité en délire
Qui ne saurait que discourir
La fatalité la déchire ?
La calamité c'est haïr
Rejeter et aussi maudire
Dominer au lieu d'affranchir
Molester au lieu de sourire.
Arrêtons de nous endurcir
L'oppression conduit au martyre
Chacun devrait se souvenir
Et le pardon devrait suffire.
Marc Gicquiaud
PUECH’MERLE
La Terre a des secrets, inscrits dans sa mémoire
Que notre esprit humain peut à peine entrevoir.
Quand le soleil se lève, à l’horizon d’orient,
Il embrase le sol, monté sur Phaéton.
Nature, à son approche, parée de senteurs,
S’illumine de joie, jeune mariée en fleurs.
L’oiseau, blotti chez lui, entonne, cœur en liesse,
Un hymne triomphant à l’astre qui se dresse,
Terrassant les dragons de la terrible Nuit.
Pâlissante, en son antre, Obscurité a fui.
Scellé dans la caverne enclose en la verdure,
Gît un très vieux grimoire orné d’enluminures.
C’est un livre de grès malmené par les ans :
Histoire d’une mère, écrits de ses enfants.
Les ombres se renforcent, s’étirent doucement.
Frémissent les naseaux, muets hennissements
S’irisent des reflets de la vie revenue,
Se parent des clartés de leur monde perdu.
La fine saïga que le couchant caresse
Reflue devant l’auroch, la cruelle tigresse.
Le sorcier matatchié*, tué par ses démons,
Réintègre le cœur du fragile enfant blond.
Des contes irréels, des légendes notoires,
Images du passé, fantastique exutoire.
*Matatchié : arborant ses peintures rituelles
Marie-Agnès Brossard
ET LA NUIT SERA LUMIERE…
Une aurore viendra sur la plaine hivernale
Et l’océan calmé verra ses flots blessés
Courir en onde vive aux rivages mouillés
Lorsque le ciel obscur fuira l’aube lustrale
Alors viendra le temps de l’aurore vernale
L’horizon fleurira dessus l’ombre des prés
Mille oiseaux chanteront sur les arbres fanés
Qui prendront au réveil leur robe germinale
Jaillira la lumière en l’ombre qui s’efface
Fuyant les bras troublés d’un rêve qui l’enlace
Et le matin naîtra dans ce profane instant
Bientôt la nuit chassée de nos lourdes paupières
Ira se réfugier en ses sombres tanières
Elle ôtera du ciel l’ultime diamant.
Alain Bussy. « Arcanes »
Prix de la Marguerite d’Or
FLEUR D’ESPOIR
Verte est la rose d’espérance
Où butine la liberté.
Elle occulte l’adversité
Pour subjuguer toute souffrance.
Son emblématique fragrance
S’exhale en puits de vérité;
Verte est la rose d’espérance
Où butine la liberté.
Et sa mythique fulgurance
Lance un message d’unité
Sur l’océan d’éternité …
Perle d’amour, de tolérance,
Verte est la rose d’espérance.
Liliane Codant
MURAILLE
Anne-laure et Siegfried s’aimaient avant que la grande muraille ne se dresse entre eux; elle serpentait sur nombre de kilomètres, hérissée de piques, de verres brisés, de barbelés électrifiés.
Siegfried et Anne-Laure n’avaient pas cessé de s’aimer malgré la force des pierres et la folie des hommes; alors ils s’adressaient des messages en morse à travers l’épaisseur du solide, puis ils éclaboussèrent le mur de soleil; des fresques aux teintes vives parcouraient les palissades; un dessin noir au contour appuyé et naïf faisait ressortir le rouge franc, le vert tendre, le violet profond, le bleu royal.
Sur la muraille illuminée où explosaient les couleurs fixes, ils ajoutèrent les mots qui s’entrelacèrent en grappes noires et serrées.
Enfin ils commencèrent à graver leurs paroles,à pénétrer dans la chair du mur, à s’y enfoncer, à la larder de coups de couteaux. Malgré leur acharnement, ils griffaient simplement, égratignèrent le mur dont ils rêvaient de vriller, de trouer l’opacité ; invisibles dans leurs songes, ils s’infiltraient par chaque interstice … Ils étaient obnubilés.
Mais les sentinelles veillaient, jour et nuit, à l’intégrité du mur; si un jeune trop impatient sortait une perceuse, il était fusillé sur-le-champ, écrasé contre le mur comme une flaque de papier; l’étoile embrasée de son sang déversait sur les frises les reliefs, les histoires sans fin, les aspérités du mur.
Ils étaient de plus en plus nombreux à vouloir donner l’assaut; une foule virulente ouvrit une première brèche, prélude à la démolition générale.
Les deux amants qui attendaient le passage depuis des années furent prompts à s’engouffrer dans l’ouverture; ils avaient déjà oublié soldats et miradors.
Siegfried s’effondra, touché par une balle perdue. Le liquide vermeil s’écoula, vint emplir les lettres patiemment creusées. Anne-Laure s’écrivit en caractères rutilants, rigole tiède, ultime message d’amour.
Il fut la dernière victime. Sur son corps déferlèrent les vivants qui par milliers franchissaient la trouée; le mur s’écroula.
La marée humaine emporta son amie Anne-Laure, seule, noyée, perdue, dans le tourbillon victorieux.
Marie-Noëlle Hopital
LIBERTÉ
Le vent sur mon visage, impalpable doigté,
Me caresse, léger; une ivresse me gagne …
Écureuil en ma cage, incapable de hargne,
Je puis me reposer : rêve de Liberté …
Le ciel est enchanté, de sucre saupoudré;
L’émeraude tapis s’étend sur la campagne,
M’invite à revenir, cher pays de Cocagne
A l’enfance d’hier, rieuse, en Liberté …
Je me revois, chien fou; mon gazon, un chiendent
Où sur le sol luisant, je me roule et m’amuse :
Solitude et silence accompagnant ma Muse …
Ou plutôt la Muse de mes amis poètes,
Ceux qui me ravissent, à mon étonnement :
De ce monde n’étaient, natifs d’autres planètes ...
Germaine Cartro
BÉATITUDES
Depuis le début de l’humanité,
de nombreuses époques de paix
se sont écoulées
dans le bien-être des civilisations.
Elles sont empreintes par l’opulence
des richesses matérielles
et spirituelles.
L’empire de la paix renferme des trésors inestimables.
La statue de la Liberté,
à l’entrée du port de New-York
élève son flambeau au-dessus du monde
comme un immense trophée immuable.
Mais, sur les monuments ou œuvres d’art
ornés de feuilles de lauriers ou de chênes
et bâtis en souvenance des trêves,
des phrases gravées dans la pierre
invoquent seulement l’espérance
d’une harmonie mondiale
sans cesse à créer.
La liberté est un prix difficile à gagner.
Brigitte Neulas
MA LIBERTE
Tant qu'il sera possible au long du long chemin
D'accrocher la poussière au rêve de ma course
Franchisseur de l'Epoque et voyageur sans bourse
En ramassant la vie à portée de la main
Je serai libre encor. Et l'effroi de demain
Hypothèque assortie à l'ultime ressource
Ne ternira mes yeux de cet éclat de source
Qu'à l'étoile, ravi, Dieu donne à l'être humain.
Tant que je le pourrai de seconde en seconde
Pour l'orgueil, le plaisir naître et renaître un monde
Dans chaque mouvement, dans l'immobilité,
Tant que même à l'affût la mort fauve en maraude
Trouvera ce bon chien : le souvenir qui rôde
J'aurai tout à la fois espoir et liberté.
Henry Meillant
"un lapin rose"
OFFRIR L’ ENTHOUSIASME
J’aimeraisfaire un poème, pour offrir l’ ENTHOUSIASME
Transmettre cette émotion et toute cette joie intense…
Un bonheur insensé qui danse au bord de l’ âme
Et qui fait de la vie "un bouquet d’ espérance !"
C’ est savoir que demain est un jour attendu
Avec sérénité …dans la joie de le vivre
C’ est sentir dans son âme tout un tohu-bohu
Un souffle, un tintamarre , quelque chose qui enivre.
C’ est comme un cri d’ AMOUR…un regard qui vous pousse
A chérir chaque jour, un peu plus davantage
C’ est aimer l’ heure qui passe et la trouver si douce
Que la vie semble un rêve qui descend d’ un nuage !
C’ est une source qui coule , un torrent des montagnes
Qui apporte l’ air pur des sommets enneigés…
C’ est une énergie folle qui flirte avec la hargne
Et où l’ envie de vivre est une vraie LIBERTÉ !
C’ est une force qui "porte"… et qui chasse les doutes
Elle naît toujours après , avoir connu le drame
C’ est vouloir être heureux, jusqu’ au bout de la route
C’ est la passion de vivre ! C’ est "tout ça" l’ ENTHOUSIASME
Marie David C.
LIBERTÉS
Souffle de vent salé sur une peau hâlée,
Quand le soleil couchant caresse l’océan
Incarnat de douceur à l’infini béant
Puis le regard se perd sur la vaste vallée.
En vacances l’esprit ! On oublie les contraintes
Goûte la liberté qui goutte de splendeurs.
O tic tac du réveil, à toi, à moi, sans peur.
Que le temps retrouvé abolit toutes craintes !
Adieu spadassin au bouclier de ronces.
La terreur d’une bombe en revendication
Qu’on découvre le soir à la télévision.
Talitha koum*, ivre d’amour, bouge, fonce !
Fi des soucis d’argent et de toutes ces chaînes.
Esclave d’un trésor laissé hors du tombeau.
Ni fourmi, ni cigale, encore moins corbeau,
Emprunte au rossignol la parole prochaine.
En chemin intérieur progresser à sa guise.
Méditer sur la vie et les pouvoirs d’ego,
Quand les ailes de l’âme aux élans inégaux,
Nous libèrent du corps aux glaciales banquises.
(Les libertés de l’espace, du temps, du pouvoir, de l’argent et spirituelle)
* Araméen : Mat 5-41 « Je te le dis, lève-toi !»
Pascal Lecordier
LIBERTÉ
Au bout de la route, quand s’éveillent les fleurs,
Au bout de la route, quand s’étreignent les cœurs,
Se tient-elle la joie, se tient-elle la paix ?
Que devient le bonheur, que devient l’amour vrai ?
Pourquoi chercher en vain, pourquoi aller si loin ?
Quand prendras-tu le temps, quand sauras-tu enfin ?
Le monde est un soleil qui se meut et se pâme ;
Découvre dans ses yeux la grandeur de son âme ;
Vois la vie qui sourit quand s’ouvre le chemin
Les grelots de l’espoir sont à portée de main ;
Au-delà des frontières, au-delà des barrières,
Respecte tous tes frères, respecte l’univers ;
Ecoute la misère… écoute le chagrin…
Offre de toi-même ne serait-ce qu’un brin ;
Partage ton labeur, partage aussi ton bien ;
Partage l’amitié, ne brise pas ce lien ;
Les accents du pouvoir clament la vérité
Quand l’humble dans son cœur crie à la liberté !
Marie-France Moriaux
HARMONIE
Main blanche dans autre main
Pas tout à fait noire
Nous courons sur la plage
Tu me racontes tes légendes
Qui se perdent en moi
Et parfois ruissellent en larmes
Qui salent la mer
De tes grands yeux tu fixes sans voix
Un monde que toi seule vois
Et tu te racontes alors…
Dans les cases du village
Les femmes portant enfant,
Pilant en alternance et en cadence
Le mil des heures durant
Tu me racontes
Les tatouages rituels qui ombrent ton visage
Et tes cheveux crépus…
Tu me dis tes différences
Je te dis la beauté de ta peau
Pas tout à fait blanche
Pas tout à fait noire
Tu me réponds frissonnante
Qu’entre noire et blanche
Tu ne sais pas
De quelle peau tu es
Tu t’allonges parfois dans le sable
Et ta peau devient plus blanche
Tu t’enfonces dans la mer
Et ta peau devient plus blanche
Et puis quand les tam-tams vibrent
Tu te sens noire…
Je te réponds toujours
Blanche ou Noire Tu es Toi
Unique et généreuse
Parfaite comme la mer
Qui métisse terre et ciel
Et laisse écume-mue miroiter
Sur cristaux de quartz
Crois-moi
Harmonie Blanche et Noire
Tu es toi.
Christel J.Stéfariel
SUR L’AILE DU VENT
J’avais inventé des mots charmés
Des mots nouveaux, chargés d’émotion,
Comme font les poètes inspirés.
Ils coulaient sur mon papier
C’était fontaine au mois de mai.
Au carrefour d’une page
Au détour d’un mot
J’attendais une révélation.
Les mots étaient bien alignés.
Les pages étaient couvertes d’encre.
Des mots inconnus, chatoyants,
Remplissaient le livre qui se voulait d’or.
Alors j’ai mis un terme à la magie des mots.
J’ai ouvert toute grande la porte aux idées.
Des idées que je croyais bonnes, drôles,
Inventives et même parfois amusantes,
Résonnaient comme une Harmonie.
Mais les alentours enténébrés
Restaient tristes qui se voulaient pleins de rire.
J’ai pensé alors qu’il fallait plus de mots,
Et même bien plus que des idées.
N’y tenant plus, j’ai tout quitté.
J’ai tout abandonné.
J’ai souhaité même tout oublier,
Abandonnant à ma porte mes jolis mots
Qui se voulaient semences au vent.
Quand je n’ai plus eu de mots pour dire,
Ni même de mains pour saisir,
Ni de passion pour posséder
Plus de rêves pour habiller mon désir,
J’ai vu l’oiseau bleu qui retournait
Vers le ciel qui me parlait de LIBERTÉ.
Cécile Meyer-Gavillet
LA LIBERTÉ C’EST LA SANTÉ !
Ce n’est rien de le dire, autre chose est la vie
Quand chaque acte est soumis au mal qui l’asservit.
Tu ne peux, tu ne dois pas,
Il faut que, bouge-toi…
Le remède lui-même, en effet secondaire
Prive encor le patient de ce geste d’hier,
Quand marcher au soleil est danger si terrible
Qu’il lui faut chercher l’ombre ou rester à sa bible…
La santé permet tout, des gestes ordinaires !
Les fonctions s’effectuent sans qu’on y prenne garde !
L’instinct est suffisant et la raison s’attarde !
Nul besoin de peser, de dresser l’inventaire
Des choses interdites, ou de comment le faire !
La douleur lancinante tend son tapis calvaire,
Ses flèches et ses braises sont autant de batailles
Qu’il faudra affronter en quelque lieu qu’on aille !
Le moindre des clystères tord la tripe impavide,
L’anti-inflammatoire attise les ulcères,
L’antibiotique rêvé a des effets sordides
Qui laissent au patient des heures bien amères…
Le rayon salvateur irradie la tumeur
Et sème tout autour un atome ravageur !
La chimio quant à elle fait les crânes tout nus
En gage de succès, puis elle exténue…
Cependant par milliers, en quête de revivre,
De cette liberté que donne la santé
D’aller et de venir, au soleil, dans le givre,
Ils acceptent contraints la prison tourmentée,
Le scalpel, le rayon, l’hormone, et vingt pilules
Pour tenter de guérir, liberté majuscule !
C’est que l’avoir perdue fait les autres mineures,
Et l’avoir retrouvée rend simple le bonheur.
Bernard Dausse